Il rinomato catalogo

De  Davide Morozinotto

édition  Mondadori

Qui a dit que les romans d’aventure n’existaient plus ? Une vraie, à la Tom Sawyer bien sûr, une aventure faite d’amitié, de voyages, de mystères à résoudre, de dangers qui frappent à chaque coin de rue ou de bayou, de personnages extraordinaires et d’une atmosphère historique solidement ficelée.

De la Louisiane du début du XXe siècle à Chicago, l’auteur emmène son lecteur tambour battant dans un périple qui retrace la société américaine de l’époque, l’arrivée du progrès avec les premières automobiles, les différences raciales selon les États, les prisons de détention des mineurs, la vie des passagers clandestins sur le bateau à vapeur ou dans les wagons à bestiaux.

Les personnages : quatre gamins perdus au fin fond de la Louisiane, chacun venant de familles différentes : Te Trois vit avec sa mère et ses frères dans une ferme pauvre, et ne rêve que de partir loin, vivre sans cesse de nouvelles aventures sans se soucier des dangers, bien au contraire. Eddie est le fils du médecin de la ville et est le seul enfant à porter des lunettes. Pondéré et à vrai dire un peu peureux, il cède toujours aux injonctions de Te Trois. Julie et Tit sont les enfants d’une fille-mère de mauvaise réputation. Ils n’ont pas le même père ni la même couleur de peau : Julie est blanche tandis que Tit est noir, et ils sont la plupart du temps abandonnés à eux-mêmes. Tous quatre ont en commun un refuge dans le bayou où ils peuvent rêver et s’évader, loin de ce monde fait de sermons dominicaux, de règles rigides et de durs labeurs. Et comme dans toute famille de l’époque, ils ont pour cela le célèbre catalogue de vente par correspondance, une vraie mine où l’on trouve absolument de tout : des cannes à pêche aux poêles à bois, en passant par les montres à gousset ou les costumes du dimanche. Le catalogue est lui aussi un véritable personnage du roman, qui comporte d’ailleurs de nombreuses illustrations en noir et blanc présentant des articles en vente. D’autres illustrations, pour mieux s’approprier l’aventure et toujours en noir et blanc, viennent ponctuer les chapitres : les cartes du voyage le long du Mississipi puis des différents États traversés en train, ou encore des articles de journaux retraçant le mystère de l’assassinat de Miss Dawn, propriétaire à 50 % du fameux catalogue.

Le récit donne équitablement la parole à chacun d’entre eux, sur une partie du voyage, permettant au lecteur d’avoir plusieurs points de vue et de mieux pénétrer dans l’état d’esprit de chacun, de comprendre et suivre leurs pensées, leurs angoisses et leurs émotions.

Un schéma narratif parfaitement maîtrisé ouvre sur de multiples péripéties qui sont tour à tour drôles, captivantes, touchantes voire poignantes lorsqu’il s’agit par exemple d’évoquer la prison pour mineures.

Enfin, le récit laisse le dernier mot à Tit, jeune autiste noir qui jouera un rôle important dans la résolution de l’énigme finale. Et c’est aussi lui qui raconte ce que tout lecteur aimera savoir à la fin d’une belle histoire, retraçant ce qu’il est advenu après leur aventure, quelque 65 ans plus tard. Une très belle leçon d’espoir.