La republica pneumatica

De J. Valor Montero

Résumé

Marcus est un jeune garçon bègue vivant avec son père, Lucius, dans une petite ville de la República Pneumática, un empire romain où la physique et la mécanique sont reines alors que l’imagination et la fantaisie sont bannies. Il est renvoyé de son école parce qu’il persiste à jouer avec Hoc, un jouet-automate doué de parole qui l’accompagne partout. Un jour, Marcus surprend une conversation entre son père, qui est maçon et construit des routes, et un homme de justice concernant la découverte par Lucius du cadavre d’une femme dont on a dérobé le collier. Seul Lucius a pu commettre ce vol, et Marcus se dispute avec son père à ce propos. Mais Lucius se justifie : la femme, qu’il a découverte assassinée, portait le même médaillon que sa propre épouse, partie plusieurs années auparavant sans explications. À peine sorti de chez Lucius, l’enquêteur est assassiné et la foule accuse le père de Marcus. Ce dernier n’a d’autre choix que de fuir et accomplir,à la place de son père, la mission que l’enquêteur s’apprêtait à mener : porter le médaillon auprès d’un praticien, Minucius, vivant à Barcinomagna, la capitale d’Hispania, elle-même province de la République. Mais arrivé dans la capitale, Marcus apprend que Minucius vient d’être assassiné lui aussi. Commence alors une période d’errance dans les bas-fonds de la capitale, où Marcus devra apprendre à survivre dans un monde cruel et violent, qui lui est parfaitement inconnu.

Commentaire

La República Pneumática est un roman foisonnant de plus de 400 pages qui plonge le lecteur dans le monde imaginaire et décalé d’une uchronie : l’auteur imagine le développement de la civilisation occidentale dans un empire romain où ce n’est pas le christianisme qui a été érigé en religion, mais l’avènement de la révolution industrielle et de la machine à vapeur. Il met en scène une société en pleine crise sociale, politique, environnementale et économique provoquée par l’expansion démesurée de l’industrialisation et de la mondialisation. Deux mondes se font alors face : celui du dogme des machines représenté par le double pouvoir romain : politique du Consul et religieux du Pontifex et celui d’une vision plus humaniste, plus proche des cycles naturels, s’opposant à la destruction et à la pollution, omniprésentes : la voie vertueuse.

 

Dans ce roman d’apprentissage qui se déroule sur une année, le jeune Marcus Novus estbringuebalé d’aventure en aventure dans une ville tentaculaire et impitoyable. C’est par ses yeux que le lecteur découvre peu à peu les méandres et les dangers des quartiers infâmes, se familiarise avec la technologie des fabuleuses machines, et contemple, désabusé, l’hypocrisie d’un système politique corrompu et en pleine décadence.

Au fil des jours, Marcus devra apprendre la patience, la souffrance, le courage, le bien et le mal tout comme l’injustice et la probité. Il devra également faire ses choix, entre violence et raison, dans une société en pleine crise où la perte de travail et la misère attisent les révoltes populaires et l’apparition de mafias, et où la vie humaine ne vaut de fait pas grand-chose et ne tient qu’à un fil.

Les représentations très visuelles et amplement documentées permettent au lecteur de pénétrer dans ce monde babylonien et d’en appréhender les tenants et les aboutissants, alternant entre le registre épique et le registre pathétique. Même si l’on pourra parfois reprocher à l’auteur quelques longueurs, notamment dans son portrait au vitriol des personnages politiques ou encore dans la description très scientifique des caravanes pneumatiques et des dirigeables, le suspense sera maintenu jusqu’à la fin et même au-delà. En effet, les aventures de Marcus Novus le bègue semblent ne faire que commencer, puisque dans les dernières lignes, le jeune héros décide de partir libérer sa mère d’un mystérieux Palais de Jade à l’autre bout du monde.