Pergamino, el hijo del cazador de libros
COMTE ILLUSTRÉ
de Sergio A. Sierra & Meritxell Ribas
La Galera
Pergamino est le fils de Mikhola, bibliothécaire du royaume slave de An et surnommé « le chasseur de livres ». Une nuit l’enfant assiste à une scène effroyable : un vampire menace de tuer son père s’il ne lui restitue pas un grimoire aux pouvoirs fabuleux écrit par un ermite fou. Face au refus du père, le vampire le maudit en lui ôtant ce qu’il aime le plus au monde : les facultés de parler, lire et écrire. Pour retrouver le livre maudit et sauver ainsi son père, Pergamino acceptera-t-il de vendre son âme ?
Un très beau conte fantastique évoquant les demi-dieux, esprits, démons et autres créatures mythologiques du panthéon slave. Il met en scène une foule de personnages merveilleux : héros à la force surhumaine déchus ou maudits, sombres créatures thérianthropes, rois-sorciers, dieux omnipotents et rois sanguinaires qui régissent la vie du peuple. Ces personnages voisinent avec un monde de créatures plus familières comme les esprits des bois, de la maison ou les génies des eaux, démons de l’air, esprits des vents et des tempêtes, établissant ainsi des relations entre le monde naturel et le monde surnaturel.
Écrit dans une langue riche au registre soutenu, ce récit épique nous plonge dans un univers sombre et angoissant, appuyé par de fortes illustrations réalisées selon la technique du grattage. Il pourrait s’annoncer difficile s’il n’était égayé de deux personnages s’inscrivant résolument dans un registre comique : le diablotin Susurramales et le bouc Cabronillo, qui vont accompagner le jeune héros dans sa quête. Fanfarons et peureux, ils n’hésitent pas à abandonner leur protégé au moindre danger ou à jouer une partie de cartes, en trichant bien entendu, au plus fort de l’action.
Au fil de son périple et de l’évocation des récits légendaires, l’enfant va être aidé par deux héros de la mythologie slave : Volj est un roi-sorcier qui, puni par les dieux pour avoir méprisé l’amour d’une jeune fille, ne retrouvera jamais sa forme humaine. Il a la capacité de se transformer en n’importe quel animal. Ilya, quant à lui, est un guerrier ayant hérité sa force surhumaine du géant Sviagotor, fils de la Terre. Tombé en disgrâce pour avoir sacrifié la seconde vie dans l’inframonde de son ami, il est enchaîné et aveugle, possédé par ses cauchemars et gardé par une cavalcade infernale de corbeaux. Car le chemin est long et périlleux, et les trois compères vont devoir affronter la terrible Baba Yaga, dévoreuse d’enfants, résoudre l’énigme des trois prophétesses, libérer le héros légendaire Ilya Murametde sa malédiction et sa folie, terrasser un terrible dragon à trois têtes ainsi qu’un perfide serpent avant d’affronter, dans son château des steppes du nord, le véritable ennemi : le vampire Yakov Dragossany.
Les valeurs morales de ce conte sont indéniables : Pergamino est un enfant qui fait preuve de courage et d’ingéniosité, surtout grâce aux connaissances acquises par ses lectures dans la bibliothèque de son père et aux légendes que sa mère, issue d’une famille de troubadours, lui a racontées. Mais il est surtout foncièrement bon et honnête, et refuse d’être cruel ou de se venger, même face à des adversaires impitoyables. Il reconnaît ses propres faiblesses et pardonne à ses ennemis.
Un glossaire est fourni en fin d’ouvrage pour permettre au lecteur de s’y retrouver dans les personnages de la mythologie slave, peu souvent racontée mais qui gagne à être connue et qui n’a rien à envier à la mythologie grecque.